Jingle bells

Publié le par Pomme Pidouwap

Y a des jours où vous trouvez la vie carrément injuste.

Parce que certes, être célibataire c’est vachement sympa quand il s’agit de regarder des films pourris jusqu’au bout de la nuit, de manger ce que vous voulez quand vous voulez, de pas partager ni commodes, ni étagères, ni place dans le lit. De passer vos soirées au téléphone avec vos copines. De rentrer à l’heure qui vous plait quand ça vous plait. De vous mettre minable et d’aller vomir dans l’évier de votre cuisine, avant de vous assoupir sur le tapis de votre salon, discrétos.

Bref. C’est super la vie de célibataire. Sur pleins de points, même.

Mais voilà. Etre célibataire sans enfant peut devenir rapidement un super méga boulet à se trainer. Comme par exemple quand vous recevez votre déclaration d’impôt en tant que célibataire, sans enfant. Quand vous vous rendez compte que 2 knackis coûtent plus cher que 10, vous condamnant à manger des hot-dogs toute la semaine. Quand vous êtes énervée et que y a personne sur qui passer vos nerfs. Quand vous voulez vous faire un week-end, un resto, bref un truc cool et qu’il faut que vous écumiez 4 fois votre répertoire avant de vous rendre compte que non : personne n’est dispo.

Mais y a plus dramatique.

Aujourd’hui, c’est Noël. Et devinez quoi ? : vous n’avez pas pu prendre vos congés parce que les gens prioritaires dans ces cas-là, c’est ceux qui ont des enfants et des conjoints. Ajoutez à cela que vous n’avez pas vu la totalité de votre famille depuis que vous êtes célibataire, et bingo : jackpot gagnant les gars, vous êtes d’une humeur de merde.

  1. Vous allez devoir aller bosser, seule le 26 dans un open space qui ressemblera comme deux gouttes d’eau au désert du Sahara, moins le soleil.
  2. Vous êtes obligée de vous traîner à une fête familiale ou bien sûr, on vous aura placée au mieux en bout de table, au pire à celle des enfants.

Pourtant, vous les adorez les enfants en temps normal. Mais pas cette année. Parce que cette année, à cause de ces petits chiards malpropres, vous n’avez pas eu droit à vos vacances.

En gros, pour résumer, Noël, cette année, c’est la mort. Vous le redoutez, le craignez, l’appréhendez. Effectivement : c’est votre premier Noël sans votre moitié. Alors qu’en couple, les fêtes n’étaient que des formalités, à présent vous avez l’impression de célébrer la mort de quelqu’un à chaque fois.

Vous aviez plusieurs options en tête pour Noël, figurez-vous : vous seriez bien partie vous faire un trek dans l’Himalaya. Un road trip en Afrique. Une randonnée dans la Cordillère des Andes. A la place de ça, vous sortez du boulot le 24 et le reprenez le 26.

Toute votre famille sera là : parents, frères, sœurs, cousins, cousines, grands-parents. Sans oublier leurs moitiés et leurs enfants. Bref.

Vous aurez droit à un traitement spécial :

- Tiens, voilà la plus belle !

- Quelle allure !! Je te rappelle qu’ici y a personne à serrer !

- T’as un rencard ce soir, ou bien ?

A des questions débiles :

- Ca va ? Tu le vis bien ?

- Et sinon, tu comptes le rappeler ? Euh… Ton ex ?

- Mais… Rassure-moi, tu comptes te marier, quand même, un jour… ?

- Avoir des enfants tout de même… ?

A pleins de conseils :

- Tu devrais te mettre au sport.

- Ou à la danse.

- La zumba c’est bien. Ou plutôt le rock, c’est mieux.

Encore des conseils :

- Au tennis même.

Toujours des conseils :

-  Ou alors mets-toi sur des sites de rencontres !

Des blagues aussi :

- Attention !!! Sainte Catherine approche !

- Mariée ou pendue dans l’année, comme ils disent !

- Tic-tac, Tic-Tac, Tic-Tac…

Des proverbes :

- 1 de perdu, 10 de retrouvés.

- Mieux vaut être seule que mal accompagnée.

Des attentions :

- Tu sais j’ai un super pote. 37 ans. Cool. Bon taf…

- Tu veux pas venir, par hasard, aux 35 ans de mon meilleur ami, courant janvier ?

Des prédictions :

- Dans 6 mois, c’est sûr. T’es recasée.

- A 40 ans, t’inquiète, t’es mariée avec des enfants !

Vous essayerez bien de parler de votre travail. De vos amis. De vos sorties. De bouquins que vous lisez. De séries que vous regardez. De l’actualité. Ca n’intéressera qu’à moitié.

Vous tenterez de dire à quel point vous êtes bien, seule. Que vous vous auto-suffisez. Vous serez dans la justification, la dénégation, la dissertation. Ca ne convainquera personne.

A la fin de la soirée, vous vous rendrez compte que vous n’aurez parlé que de ça.

Que finalement parce qu’ils ont construits leurs vies autour de leur famille, ils ne verront pas qu’il y a d’autres options pour être heureux. Que vous avez été obligée vous de les envisager. Que vous n’allez pas vous caser avec n’importe qui n’importe comment. Ils ne comprendront pas que vous puissiez arriver à vous satisfaire de ce que vous avez. Et cerise sur le gâteau, trouveront votre vie carrément merdique.

Bien évidemment, vous les comprendrez à 200%. Vous-même, lorsque vous étiez en couple, vous pensiez que le célibat, c’était la mort. La tristesse. La déchéance. Le suicide.

Mais voilà. Aujourd’hui c’est Noël, vous êtes rentrée chez vous depuis belle-lurette, et là, votre solitude vous pèse. Ils vous ont fait douter du bien-fondé de toute votre théorie. De toute votre philosophie. Ils ont réussi à vous refiler leurs peurs paniques. Ils ont complètement pété votre fragile baraque. Ca y est, c’est sûr, vous vous y voyez déjà, vous allez claquer toute seule, obèse, entourée de vos quatre chats, Bridget Jones en fond sonore.

Cela dit, vous pouvez être fière de vous : c’est fait, vous n’aurez plus à vivre votre premier Noël célibataire.

C’est alors que vous vous rappellerez que le nouvel an c’est dans moins d’une semaine et que vous êtes en train de virer parano de la date. Névrosée des commémorations. Phobique des fêtes à dates fixes.

Voilà.

Y a des jours ou vous trouvez la vie carrément injuste.

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